Réforme du DPE 2026 : vers une juste valorisation des logements électriques
Le cœur de la réforme : un coefficient d’électricité révisé
Le principal changement porte sur le coefficient de conversion de l’électricité utilisé dans le calcul du DPE. Jusqu’à présent, ce coefficient était fixé à 2,3, reflétant les pertes de production, de transport et la conversion vers l’énergie primaire. Mais ce paramètre pénalisait fortement les logements chauffés à l’électricité, comparativement aux logements chauffés au gaz ou au fioul, pour lesquels on applique un coefficient de 1.
À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, ce coefficient sera abaissé à 1,9. Cette révision (soit une baisse d’environ 17 %) a pour objectif de mieux prendre en compte le caractère décarboné du mix électrique français (nucléaire, renouvelables) et de rétablir une équité de traitement.
Quelles conséquences pour les logements chauffés à l’électricité ?
Une progression d’étiquette “automatique”
Concrètement, les logements utilisant l’électricité pour le chauffage (ou pour une proportion significative de leur consommation énergétique) verront mécaniquement leur DPE s’améliorer. Aucun logement ne verra son étiquette se dégrader du fait de la réforme. Selon les simulations, environ 7 millions de résidences pourraient gagner jusqu’à une classe énergétique suite à cette réforme (soit environ 23 % du parc résidentiel). Parmi elles, 91 % des biens qui progresseront sont chauffés à l’électricité. En chiffres plus précis, 47 % des logements chauffés principalement à l’électricité gagneraient une classe.
Sortie des “passoires énergétiques”
L’une des cibles majeures de la réforme est la sortie de 850 000 logements de la catégorie des « passoires énergétiques » (étiquettes F et G). Ces logements étaient jusqu’ici soumis à des contraintes de mise en location très strictes, voire des interdictions à terme. Ce reclassement aura un impact direct sur la valeur locative des biens, leur attractivité et la capacité des propriétaires à les maintenir sur le marché.
Focus sur les petits logements
Les logements de moins de 40 m² — souvent chauffés à l’électricité — seront particulièrement impactés : 41 % d’entre eux devraient bénéficier d’une classe supplémentaire. Cela représente une amélioration sensible pour des logements urbains souvent jugés énergétiquement défavorisés.
Bénéfices, critiques et défis d’une “revalorisation”
Avantages et motivations
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Redressement d’équité : La réforme corrige une anomalie dans la méthode de calcul qui défavorisait l’électricité, une source d’énergie peu carbonée en France.
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Maintien de biens sur le marché : Certains biens menacés d’exclusion du parc locatif pourraient conserver leur éligibilité.
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Ciblage plus fin des aides : En améliorant les DPE des logements électriques, les dispositifs publics (aides à la rénovation, subventions) pourront mieux se concentrer sur les logements chauffés aux énergies fossiles, où l’effort est le plus urgent.
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Incitation à l’électrification durable : En valorisant l’électricité, la réforme envoie un signal favorable aux technologies propres, comme les pompes à chaleur, qui permettent de substituer les énergies fossiles.
Critiques et zones de doute
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Frein à la rénovation thermique : Certaines associations (UFC‑Que Choisir, France Nature Environnement, négaWatt) craignent que le simple reclassement des logements sans travaux n’enlève une incitation forte à améliorer l’isolation ou l’efficacité des bâtiments.
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Factures inchangées pour les occupants : Même si l’étiquette s’améliore, les logements mal isolés continueront à engendrer des dépenses énergétiques élevées pour les occupants. Le DPE “meilleure note” pourrait masquer cette réalité réelle.
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Distorsion des signaux économiques : Avec un DPE plus favorable, certains propriétaires pourraient différer les rénovations coûteuses. La réforme risque de réduire le nombre d’installations de pompes à chaleur prévues.
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Lisibilité du DPE : En “corrigeant” artificiellement le classement par ajustement du coefficient, la transparence pour les acheteurs ou locataires pourrait être brouillée selon certains critiques.
Modalités pratiques : mise à jour, validité et étapes
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Application automatique : Depuis le 1ᵉʳ janvier 2026, tous les nouveaux DPE ou audits intégreront le coefficient 1,9 dès leur édition.
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Mise à jour gratuite pour les diagnostics existants : Les DPE réalisés avant 2026 resteront valables, mais pourront être mis à jour gratuitement, sans nouvelle visite de diagnostiqueur, via la plateforme de l’Observatoire DPE‑Audit de l’ADEME.
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Attribution d’une attestation : Les propriétaires concernés pourront obtenir une attestation de nouvelle étiquette via le site de l’Ademe, qui pourra être versée dans les dossiers immobiliers.
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Aucun bien ne perdra d’étiquette : La réforme est conçue de façon à ce qu’aucun logement ne subisse un déclassement en raison du changement du coefficient.
En conclusion : vers un DPE plus équilibré… mais pas sans défis
La réforme du DPE 2026 représente une revalorisation significative des logements chauffés à l’électricité. En abaissant le coefficient de conversion de 2,3 à 1,9, l’État entend corriger une inégalité historique, favoriser l’électrification des usages et recentrer les efforts de rénovation vers les logements les plus énergivores. Pour près de 850 000 logements, cela pourrait changer leur statut sans réaliser le moindre travail.
Cependant, ce “coup de pouce” pose des interrogations importantes sur son effet réel en matière de transition énergétique, sur l’équité sociale (locataires vulnérables) et sur le signal envoyé aux propriétaires quant à la rénovation thermique. L’enjeu sera désormais de veiller à ce que cette revalorisation ne remplace pas l’impératif de rénovation mais s’y ajoute.